Le thème et des éléments de cet article ont été repris de l’article de Sandrine70.
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Vous voulez savoir pourquoi nous, femmes, sommes en rage ? Vous voulez savoir pourquoi les personnes noires, aux Etat-Unis, sont en rage ?
C’est très simple. Parce que Pas de justice, pas de paix.
Pour comprendre, il faut mettre en parallèle les trois affaires judiciaires qui viennent de se clore :
-la première : George Zimmermann, veilleur de nuit (métis hispanique, donc représentant d’un côté « le blanc armé qui défend ses biens » et de l’autre le bouc émissaire idéal pour diviser les communautés opprimées) tire sur un jeune noir de 17 ans non armé et le tue. Durant le procès, la témoin n°9 a dénoncé des faits d’agressions sexuelles (baisers forcés) et de viol (doigts dans le vagin) durant 10 ans, quand elle avait 6 ans et Zimmermann 8. Il se défend en disant qu’il a eu peur pour sa vie. Il est acquitté.
– la deuxième : Ezekiel Gilbert a tué d’une balle dans la nuque la femme qu’il voulait violer toute une nuit pour de l’argent, mais qui a tenté de s’enfuir avant avec les 150 $. Il a été acquitté. La légitime défense a été retenue.
-la troisième : Marissa Alexander, jeune femme noire qui a une ordonnance d’éloignement pour la protéger de la violence de son mari, tire des coups en l’air pour échapper à ses coups. Elle ne l’a ni tué ni blessé. Elle est condamnée à 20 ans de prison.
http://justiceformarissa.blogspot.fr/
Alors le message ici est très clair.
Un homme qui tue un jeune homme noir, est blanchi. Un homme qui allait frapper une femme, restée la sienne malgré l’ordonnance d’éloignement, est protégé et vengé. Un homme qui a payé pour une nuit de viols et dont la victime s’est enfuie est traité en client volé et acquitté pour un meurtre.
Les hommes en tant que dominants, organisateurs et bénéficiaires des institutions, défendent leurs privilèges. Tout homme qui incarne leurs intérêts de classe dominante (rapacité sexuelle, rapacité économique, rapacité colonisatrice) est blanchi de ses crimes et protégé dans ses intérêts. Tout homme est un soldat Ryan à sauver, soit par la complicité étendue des hommes qui forme une caisson insonorisé pour chacune de leurs violences contre noues, soit, en dernière instance, par une de leurs institutions, toutes patriarcales.
L’ordre social (qui n’est pas celui du plus grand nombre mais de ceux qui comptent) n’est menacé que quand est menacé cet équilibre d’intérêts individuels et collectifs des hommes.
Certes, tous les jeunes noirs sont en danger d’être tués (ils savent qu’on peut leur tirer dessus pour rien) et toutes les femmes noires savent qu’elles sont en danger d’être violées, mais ici l’ordre social n’est pas en danger, au contraire.
Bertrand Cantat a fait 4 ans de prison pour avoir tué de dizaines de coups de poings Marie Trintignant. Il n’a encore rien pris pour avoir persécuté et battu son autre femme, Kristina Rady, jusqu’à ce qu’elle se suicide en 2010**. Par contre, le film Sin by Silence le montre, les femmes victimes de violences conjugales qui finissent par tuer leur bourreau pour sauver leur vie, elles, sont condamnées à des peines situées entre 15 ans et 30 ans, certaines à perpétuité.
En fait, quand seule la femme est en danger, il n’y a pas mort d’homme. Mais dès qu’elle empêche un homme d’user de ses droits sur elle, alors l’ordre social patriarcal est menacé. En effet, imaginez que d’autres femmes suivent son exemple et parviennent ainsi à échapper à leur bourreau ou à leur violeur ? Le système des hommes et leurs vies de parasites sexistes s’effondreraient.
Dans la série des crimes d’hommes blanchis par le système judiciaire des hommes, il y a aussi les crimes des prostivioleurs et des proxotueurs : le système prostitueur, ce crime contre l’humanité organisé mondialement, est protégé au nom de la liberté sexuelle ou de la vie privée, seules ses franges mafieuses sont (officiellement) dénoncées … les viols aggravés (avec arme, sur mineure, avec actes de torture et de barbarie) sont jetés dans les oubliettes des faits divers et les affaires « de mœurs » … Pourquoi? Car le système viril repose sur une guerre à deux fronts, guerre économique et guerre sexuelle; et la prostitution en est la fusion parfaite, comme l’analyse Andrea Dworkin. En protéger la légitimité et l’expansion est une priorité pour la classe des hommes.
Il n’y a pas de justice, il n’y a que leurs institutions qui protègent leurs privilèges d’oppresseurs. C’est insupportable.
6 mois avant son suicide, Kristina Rady, en larmes, appelle ses parents, à Budapest. Ils ne sont pas là, elle laisse un message en hongrois qui dure sept minutes et trente-trois secondes…
« Hélas, je n’ai pas grand-chose de bon à vous offrir, et pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m’arrive, mais en l’espace de quelques secondes Bertrand l’a empêché et l’a transformé en un vrai cauchemar qu’il appelle amour. Et j’en suis maintenant au point – alors que j’avais du travail pour tout ce mois-ci, ce qu’il ne supporte pas – qu’hier j’ai failli y laisser une dent, tellement cette chose que je ne sais comment nommer ne va pas du tout [mot inaudible], mon téléphone, mes lunettes, il m’a jeté quelque chose, de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s’est même cassé, mais ça n’a pas d’importance tant que je pourrai encore en parler. »
YAEL MELLUL, avocate défenseuse des femmes victimes de violences masculines. Son J’accuse salutaire : Bertrand Cantat, responsable du suicide de Kristina Rady ?
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Horrible. Merci pour l’article. Merci de parler d’Alexander et des autres victimes oubliées.
Ça me fend naturellement le cœur de savoir qu’un meurtrier raciste ne paie pas pour son crime. Mais ce sentiment n’est pas nouveau. C’est celui que je ressens à chaque fois que je lis un article relatant l’horreur de la violence des hommes… Du coup, là, je ne peux pas m’empêcher de penser, après tout ce que j’ai lu sur Zimmermann, à toutes les fois où ce sentiment m’a noué l’estomac, et où nulle part je n’ai vu autant d’indignation de la part de féministes ou de militantes anti-racistes (n’ayant aucun espoir dans les gollecks de toute façon). Et ça, ça me dégoute doublement.
le sujet opprimé légitime, même pour les féministes, est l’homme. Car historiquement et idéologiquement, le sujet des victoire et de l’écriture de l’histoire est un homme. L’ouvrier dans les industries viriles au poing menaçant levé, le noir musculeux qui de sa force d’homme brise ses chaînes. Voilà les figures d’identification. L’ouvrière qui nettoie la merde du patron et de l’ouvrier ou la femme noire violée par le maître et par son mari, ça non.
être opprimé comme une femme, tué comme une femme, même pour les féministes, a quelque chose soit d’étranger (noues sommes séparées de notre propre expérience … on le voit dans les positions molles voire franchement masculinistes autour de la prostitution) soit de répugnant (noues sommes profondément misogynes, car noues avons intériorisé le colon qui noues hait … on le voit dans le rejet que les féministes ont des femmes comme Anne Sinclair ou, dans une autre mesure, Marcela Iacub, pourtant deux victimes de DSK dans une série qui ne laisse aucun doute sur sa dangerosité).
bref, cela me désespère.
b.
Proves for the umpteenth time men accord themselves right to commit violence including sexualised and/or lethal violence against women of whatever ethnicity or race, with impunity.
Women globally aren’t human according to men’s political systems which is why murderer George Zimmerman was acquitted because there is a hierarchy of enactment of male power over women and white men’s power over non-white males. White men have right to murder non-white males; non-white males have right to murder non-white and/or white females and all males have right to subject any woman or girl to sadistic male sexual violence because said male sexual violence against women and girls isn’t ‘male sexual violence but merely mens’ sacrosanct right of sexual access to any female of any ethnicity or race.