Paul Eluard était misogyne.
en vrac :
Je m’obstine à mêler des fictions aux redoutables réalités. Maisons inhabitées, je vous ai peuplées de femmes exceptionnelles, ni grasses, ni maigres, ni blondes, ni brunes, ni folles, ni sages, peu importe, de femmes plus séduisantes que possible, par un détail. Objets inutiles même la sottise qui procéda à votre fabrication me fut une source d’enchantements. Êtres indifférents, je vous ai souvent écoutés, comme on écoute le bruit des vagues et le bruit des machines d’un bateau, en attendant délicieusement le mal de mer. J’ai pris l’habitude des images les plus inhabituelles. Je les ai vues où elles n’étaient pas. Je les ai mécanisées comme mes levers et mes couchers. Les places, comme des bulles de savon, ont été soumises au gonflement de mes joues, les rues à mes pieds l’un devant l’autre et l’autre passe devant l’un, devant deux et fait le total, les femmes ne se déplaçaient plus que couchées…
Femme tu mets au monde un corps toujours pareil Le tien
Tu es la ressemblance….
Je t’aime pour toutes les femmes
Que je n’ai pas connues …
D’une seule caresse
Je te fais briller de tout ton éclat …
Dans le lit ton corps se simplifie
Sexe liquide univers de liqueur
→ Idiotes, interchangeables, notre corps peut se réduire à notre sexe, notre éclat à celui qu’ils nous donnent par leurs caresses …
La langue de vipère des poètes est maudite, elle nous blesse toujours, sans exception. Je le reprends ici non pour lui rendre hommage mais bien pour reprendre mon âme de ses griffes.
De leurs griffes de vipères.
♦
Nena Venetsanou est une immense chanteuse et interprète, chantant le plus souvent en grec, elle met ici en musique un des poèmes de Paul Eluard, écrit durant la guerre.
________________________
________________________
Au nom des éclats de voix, des guitares et des rires
Qui me sont rempart et foyer
Au nom des sourires et des mots
De cette nouvelle douceur qui lie nos mains vides
Au nom de ma terre apatride
Anonyme et inestimable
Libérée du passé d’en’fers…/
Merci beaucoup pour ce poëme revisité, il vibre en nous.