[Nos excuses pour les publicités qui parasitent les propos des femmes dans les vidéos; les outils par lesquels noues tentons de transmettre le savoir des survivantes sont créés par et pour les oppresseurs, pour marteler les injonctions et menaces sexistes, capitalistes, misopédiques et racistes que noues combattons].
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Vidéos issues du stie :
http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/-Temoignages-video-.html
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Marilyn Baldeck
Déléguée générale de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail
Les premiers signes d’alerte face à un harceleur au travail
Transcript vidéo
Dès lors que vous ressentez que quelque chose ne va pas, que vous ressentez intérieurement que le comportement d’un collègue, d’un supérieur hiérarchique, d’un client, peu importe, est anormal, c’est que vous avez probablement raison.
Donc, à partir de là, on leur demande d’observer ce qui se passe, donc, bien souvent c’est un supérieur hiérarchique qui commence, alors d’abord peut-être à être particulièrement agréable, particulièrement gentil…
On ne dit pas que tous les supérieurs hiérarchiques agréables et gentils sont des harceleurs, des agresseurs en puissance, mais disons que ça peut vraiment commencer comme ça, devenir un confident, quelqu’un qui va obtenir beaucoup d’informations sur les personnes.
Alors là, vraiment, disons que les antennes doivent s’activer, parce quelqu’un qui essaie d’en savoir beaucoup sur vous, c’est quelqu’un qui va pouvoir potentiellement vous manipuler.
Le deuxième cas de figure, c’est la personne qui va être le type sympa de l’entreprise, celui que tout le monde aime bien parce que c’est celui qui met l’ambiance, c’est celui qui va raconter des blagues à l’heure du café, etc.
Alors des blagues comment, des blagues sexistes, des blagues sur les blondes, des blagues en dessous de la ceinture, des blagues grivoises qui vont petit à petit être de plus en plus adressées à la victime, qui va pas forcément attention à ce que c’est, qui va s’interroger d’ailleurs sur ses propres sentiments, qui va se dire, « Mais non en fait c’est pour rire, je me fais des idées ».
Cette phrase, on l’a beaucoup entendue, on l’entend dans tous nos dossiers : « Au début je pensais que je me faisais des idées ».
Vraiment, à partir du moment où on prononce cette phrase, où on se dit « Je me fais des idées », c’est qu’il y a un problème.
Dans les prémices des violences, ce qui va permettre de créer un contexte, favorisant la commission de ces violences, il y a toutes les contraintes sur le travail, parce que là on se situe dans les relations de travail, donc ça peut être deux catégories différentes :
La première, un chef, un collègue qui met la pression, qui essaie de pousser à la faute, pour avoir ensuite avoir un moyen de chantage sexuel, « Tu m’accordes une soirée, une nuit, et je vais dissimuler ton erreur ».
Ou alors, et c’est tout aussi anormal, un collègue, un employeur qui vont décharger anormalement du travail, qui vont être particulièrement favorisants dans le travail, qui vont leur donner les contrats les plus agréables, les plus intéressants, ou les tâches les moins dures et qui sont en train de se créer, aussi, une monnaie d’échange pour de futures, comme dit la loi, « Faveurs sexuelles » (!).
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Annie
Témoignage contre les violences sexistes et sexuelles au travail
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a violence a consisté, dans un premier temps, en une violence verbale, des insultes, carrément, des insultes.
Qu’il en avait assez de moi, etc. Il m’a vraiment insultée.
Puis, il m’a, parce que j’ai essayé de fuir cette ambiance de violence, cette atmosphère violente, insoutenable, il m’a attrapée au collet, griffée profondément sur le sternum et coincé les doigts dans la porte que je venais d’entrouvrir.
C’était quand même quelqu’un qui était connu dans la profession et qui était déjà connu comme quelqu’un de violent, verbalement.
C’était quand même quelqu’un capable d’insulter une personne en réunion publique, sans aucun état d’âme.
Il y avait donc une certaine appréhension, un certain recul.
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Marie-France Casalis
porte-parole de l’association Collectif Féministe contre le viol
« 80 % des situations de viols sont des viols perpétrés par quelqu’un que la victime connaît. »
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Les viols dont on entend parler, c’est ceux qu’on voit dans les feuilletons télévisés, c’est les viols tard la nuit, avec les couteaux, dans un parking.
Parmi les viols que nous avons reçu à la permanence, et nous en avons entendu 36080, à la date d’hier, ça représente 1% des situations de viol.
80% des situations de viol sont des viols perpétrés par quelqu’un que la victime connaît.
Nos idées sur les lieux sûrs et les lieux dangereux, c’est des idées erronées. C’est pas ça la réalité des viols et de l’appropriation sexuelle des femmes. C’est dans ma maison, dans mon lit, au domicile.
Pour aider une femme qui a été victime de viol, et qui n’est pas en capacité de dévoiler la réalité, il faut repérer qu’elle va mal, car vous pensez bien qu’après avoir subi un viol, on ne va pas bien, on n’est plus comme avant.
Alors il y en a qui disent « Je fonctionnais comme un zombie, je ne savais plus ce que je faisais, tout m’était égal ».
Il y en a qui nous disent, « Mon amie m’a dit, mais tu as un visage éteint, mort, qu’est-ce qui se passe ? »
Il y en a qui vont par exemple se laver, sans arrêt, il y en a qui ne pourront plus sortir de chez elles, ça s’est passé dehors, il y en a qui ne pourront plus prendre le trajet qu’elles utilisaient parce que ça s’est passé sur ce trajet, toutes sortes de signes qui manifestent que cette personne va mal.
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Murielle
Témoignage contre les violences par conjoint
Transcript vidéo
Alors les premiers signes que j’ai ressenti cet homme n’était pas encore un homme, c’était un jeune homme, nous avions 15 ans, et j’ai senti instinctivement en moi quelque chose qui me disait qu’il y avait un fonctionnement qui n’allait pas, mais je n’ai pas voulu écouter.
Et puis, le temps passant, ça s’est installé, notamment lors d’un décès de quelqu’un de très proche, il n’a eu aucune compassion, que de l’énervement et de l’agacement.
Et là aussi je n’ai pas bien compris pourquoi, comment il pouvait être comme ça et pourquoi, mais là encore j’ai masqué les choses et continué à avancer.
Et petit à petit, la dévalorisation qu’il m’a montré m’a fait constater qu’effectivement son comportement n’était pas normal.
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Marie France Casalis, CFCV
« 5 grandes priorités pour l’agresseur : l’isolement de la victime, l’humilier, installer la terreur, établir son impunité et inverser la culpabilité. »
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L’écoute des femmes victimes de viol, ça va permettre qu’elles voient la stratégie de l’agresseur et qu’elles décryptent sa stratégie.
Alors elle est très simple, il a 5 grandes priorités.
Il va d’abord isoler la victime, soit géographiquement, soit familialement, soit socialement, et de façon à ce qu’elle ne trouve pas d’aide.
Ensuite il va l’humilier, la transformer en objet, la traiter comme une moins que rien, de telle façon qu’elle pensera qu’elle n’a aucune valeur et que personne ne peut s’intéresser à elle.
Après ça, il va installer, mettre sous terreur.
Et je crois que quand on travaille sur la violence, il faut comprendre qu’un agresseur efficace, il arrive à instaurer un tel système de terreur que sa victime n’est plus dans un état de responsabilisation où elle puisse faire ce qu’elle devrait faire ou ce qu’elle pourrait faire.
Et c’est pour ça qu’elle va se sentir responsable après parce ce qu’elle dit « J’aurais peut-être pu mais j’ai pas pensé », mais c’est parce qu’il avait installé un système qui l’empêche de penser, mettre sous terreur.
Et puis un bon agresseur, il va utiliser tout ce qu’il faut pour établir son impunité.
Établir, assurer son impunité, ça veut dire qu’il va recruter des alliés, et quand c’est quelqu’un de l’entourage, ça sera le gendre le plus charmant pour ses beaux-parents, celui qui viole et qui est violent.
Quand c’est un instituteur (puisqu’il y a des viols par thérapeutes, par médecins, par personnes ayant autorité dans des institutions) ça sera l’instituteur le plus dévoué aux enfants, ça sera le thérapeute le plus disponible, et si quelqu’un dit quelque chose, on dira « Mais c’est pas possible ! Monsieur Untel, oh non vraiment ! »
Surtout qu’elle va mal, la victime, elle a un discours qui n’est pas toujours très clair, elle dit des choses plus elle revient en arrière, alors que l’agresseur il se porte bien, lui.
Tout va bien pour lui tant qu’il est calme.
Alors le dernier point de l’agresseur, c’est inverser la culpabilité, c’est-à-dire transférer la responsabilité de ce qui s’est passé sur sa victime.
Et ça, malheureusement, c’est très efficace.
Et c’est un des points sur lesquels on doit lutter de façon permanente dès les premiers entretiens.
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Christine, Témoignage contre l’excision.
« L’excision marque profondément la vie d’une femme, elle peut bouleverser
totalement l’avenir d’une jeune fille. »
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L’excision marque profondément la vie d’une femme. Elle peut, et c’est mon cas, bouleverser totalement l’avenir d’une femme, d’une jeune fille en tout cas.
Personnellement j’ai subi les conséquences de l’excision puisqu’il a fallu me réopérer parce que ça s’était très très mal passé, et la vie sexuelle peut se retrouver perturbée, ça a été mon cas, et l’excision a été la raison de mon célibat, de mon choix de célibat et aujourd’hui je suis toujours célibataire.
J’aurais pu me marier entre temps, c’est vrai, aux alentours de 35 ans, j’ai rencontré un homme, j’ai pu avoir un enfant, mais je suis restée profondément indépendante, célibataire puisque je ne voulais pas avoir à vivre un accouchement.
J’avais peur de me retrouver avec des complications graves, des fistules vésico-vaginales, des fistules recto-vaginales, qui sont quelques-unes des complications majeures de l’excision.
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Dominique
Témoignage contre les violences par conjoint.
« Des choses toutes bêtes au début… ce que je faisais n’était jamais bien, jamais assez bien« .
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Des choses toutes bêtes, au départ, dans le genre, « Oh, arrête de te toucher les cheveux, c’est énervant », mais c’était dit pas sur le ton sur lequel je le dis moi.
Ou bien c’était le fait que, en fumant, je recrachais ma fumée d’une manière qui ne lui convenait pas, ou alors tout d’un coup c’était « Tu te rends pas compte, ça sent mauvais, y a plein de fumée dans ce salon », il allait ouvrir la fenêtre. Mais si elle était ouverte, si moi je l’ouvrais, il me disait « Mais va fermer la fenêtre, ça caille ».
Voilà, ce que je faisais n’était jamais bien, jamais assez bien.
Et ce sont des choses toutes bêtes, des tomates farcies, je les faisais pas comme il fallait, et tout le temps que je préparais les tomates farcies, il était à côté de moi en me disant « C’est de la merde tes tomates farcies, de toute façon t’es une pute, tu ne sais pas faire autre chose », voilà.
Et une fois qu’on était à table, « C’est génial tes tomates farcies ». C’était le chaud-froid en permanence.
En fait il cherchait ces prétextes-là quand il était très nerveux et donc il voulait taper. Je savais que c’était ça.
Alors pendant un temps, je rentrais les épaules et je disais rien, rien qui puisse énerver, surtout ne pas être battue, et au bout d’un moment ça suffisait, et je le regardais droit dans les yeux et là je savais que moi je ne pouvais plus supporter plus, mais je savais aussi qu’en faisant ça, il allait me frapper, mais il n’y avait pas moyen de lui échapper.
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Christine
Porte parole d’association Voix de Femmes
« Si par exemple, si vraiment on nous a supprimé nos papiers, et qu’on a peur de porter plainte contre nos parents, dans ce cas-là on porte plainte contre X, au moins ça nous protégera. Pour se sortir d’un mariage forcé, il faut en tout cas, je le répète, mais il faut en parler. »
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La plus grosse excuse que nos parents inventent pour nous faire descendre au pays quand on refuse un mariage forcé, souvent ils essaient de nous faire croire que notre grand-mère est malade, et dans 100% des cas, je peux vous le dire, en dix ans, j’en ai jamais vu, c’est faux quoi. Et c’est pour ça qu’il faut vraiment faire attention, se protéger, en parler à une personne de confiance, ça peut être un professeur, une infirmière scolaire, quelqu’un de la famille, la mère d’une camarade de classe, mais faut vraiment pas hésiter.
Et puis si par exemple, si vraiment on nous a supprimé nos papiers, et qu’on a peur de porter plainte contre nos parents, dans ce cas-là on porte plainte contre X, au moins ça nous protégera.
Et puis, on peut photocopier nos papiers d’identité, mais ce qu’il faut savoir, c’est que ça suffira pas si on est coincée au pays, parce qu’on est certes Française en France, mais si on se retrouve là-bas, on est Marocaine au Maroc, on est Sénégalaise au Sénégal, et Pakistanaise au Pakistan, et ce sera très très compliqué pour revenir, en plus, sur place, y a pas forcément de dispositif de rapatriement, qui c’est qui va prendre en charge nos billets d’avion, on sait pas, et puis on peut se retrouver très facilement, on subit des viols, y a pas de moyens de contraception, si on veut avorter, c’est la croix et la bannière, et résultat des courses, en fait nos vies sont complètement brisées et la liberté, c’est vrai que c’est difficile de l’obtenir d’un seul coup, elle a un prix, mais si le prix c’est de rompre avec sa famille, alors on n’est pas obligée d’aller dans un foyer, ça peut être le cas, mais on peut aussi aller dans sa famille, chez une personne de confiance, ça durera un temps mais ça vaut le coup et c’est jamais définitif.
Pour se sortir d’un mariage forcé, il faut en tout cas, je le répète mais il faut en parler.
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Christiane
Témoignage contre les violences par conjoint
« Quand un homme commence à vous dire – je ne veux pas que tu sortes, que tu ailles travailler…, il faut partir ».
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Dès le départ, j’ai compris que c’est quelqu’un qui voulait des amis choisis par lui, je n’avais pas le droit d’avoir des amis que moi je veux, de continuer avec mes amis d’avant, mais d’avoir que des amis que lui aurait adopté.
Sur le plan financier, il ne fallait pas que je travaille, lui il avait suffisamment pour couvrir toutes mes dépenses, et tout.
Sur le plan intellectuel, je n’avais pas à avoir d’idées contraires à la sienne, c’est son idée qui était la meilleure, donc ça c’était très important chez lui.
Quand j’avais une idée autre que la sienne, ça n’allait pas.
Quand un homme commence à vous dire « Je ne veux pas que tu sortes, je ne veux pas que tu ailles travailler, je ne veux pas que tu reçoives des coups de fil », alors là, il ne faut pas accepter ça.
Et s’il vous met une baffe, n’attendez pas la seconde, cassez-vous par tous les moyens, partez de chez vous, de chez lui, mettez fin à cette union-là, parce que ça va aller crescendo.
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Karen Sadlier
13 mars 2012, Journée d’échanges organisée par Libres Terres des Femmes sur « les conséquences des violences conjugales sur les enfants. Expériences, outils et projets pour agir. »
Le conflit de loyauté n’est pas affaire de « qui aimer ? » mais, noues sommes dans une situation de danger, alors le conflit de loyauté sera « Qui il faut protéger ? Est-ce qu’il faut protéger l’agresseur ? la victime ? la fratrie ? »
Transcription : Intervention de Karen Sadlier 13 Mars 2012
Conférence de Karen Sadlier : Enfants exposé-e-s aux violences conjugales – Karen SADLIER
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Jamila
Témoignage contre les violences par conjoint
« Il voulait posséder mon âme. Il voulait contrôler même mon âme. Mais ça, il ne pouvait pas« .
[pas de transcription disponible]
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Fatoumata Konda
Militante d’association sur les mariages forcés
« Le choix d’imposer sa vie. »
Transcript vidéo
Ça c’est l’affiche. Ça ne suffit pas d’afficher dans les établissements scolaires. Il faut évidemment qu’en parallèle il y ait de véritables actions.
L’important pour une jeune fille issue d’un milieu traditionnel, c’est de choisir sa vie.
Une jeune fille doit pouvoir dire à ses parents, « j’ai telle ambition, j’ai envie de faire tel métier, je n’ai pas envie de me marier avec la personne que vous me proposez, j’ai décidé de prendre ma vie en main, je fais les études que j’ai choisi, je mène la vie que j’ai choisi », et je pense que c’est ce que toutes les filles devraient pouvoir faire maintenant.
Imposer son choix de vie, et participer pleinement à la vie de la société, je pense.
[Annonce Campagne] :
Le mariage forcé est une atteinte aux droits de la personne, choisir sa vie, c’est essentiel.
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Annie Soussy
Docteur au Centre hospitalier intercommunal de Créteil
[transcription non disponible]
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