Hitchcock, Buñuel, Woody Allen, Catherine Breillat, etc. les réalisateurs n’ont d’autres source théorique pour noues asséner leurs violences pornographiques et/ou cinématographiques que la psychanalyse : catharsis, fantasme, inconscient, pulsion scopique, libido, sexualité inconsciente (caractérisée par le sadisme et le voyeurisme que Freud a prêté aux enfants) … ils se gargarisent de blabla lacano-fraudien dont ils ne maîtrisent pas toujours la lettre mais déploient avec dextérité l’esprit, à savoir la haine des femmes. Ozon, pour soutenir le propos de son film, en est même arrivé à dire que la prostitution était partie intégrante de la sexualité féminine, ce fantasme serait partagé par beaucoup de femmes ! Cette thèse n’est pas nouvelle : Freud a théorisé que la prostitution était inhérente à la sexualité masculine, et des professeurs lacaniens aujourd’hui diffusent la thèse lacanienne d’un fantasme féminin d’être l’objet de tout homme.
Rappelons à ces apprentis psy quelques vérités de base, loin de ces psychâneries.
Les dits « fantasmes » sont des structures idéologiques sociales intériorisées. Là dessus, Freud comme Lacan sont clairs, il n’y a rien d’individuel et de psychogène. Or le social est patriarcal. Basé sur la haine des femmes, et la sexualité punitive pour noues remettre à notre place de servante. De plus noues sommes, chacune, individuellement, victimes des violences masculines, surtout sexuelles, dès l’enfance : agressions par les pairs et par personnes ayant autorité (main aux fesses, levers de jupes, exhibitionnisme de l’inconnu ou du père, etc.) et menaces (humour, intimidation, etc.), viols … Cette guerre sexiste permanente provoque des psychotraumatismes en continu.
Ainsi, les éventuels « fantasmes » de violence qu’auraient les femmes sont en fait des flash-back traumatiques à SOIGNER et non à érotiser !
Seuls les hommes ont intérêt à les érotiser, pour continuer à noues détruire et nous asservir. Le sadomasochisme qui déferle dans la culture virile depuis des décennies (50 shits of Gray, BDSM in Lesbian culture, etc.) n’est qu’une reprise en main revancharde des hommes qui ont vu les féministes radicales des années 1900 puis 1970 exiger la cessation des violences sexuelles masculines. Aucun lien avec la mythique « sexualité féminine ».
La « sexualité féminine » est toute autre, et elle n’a rien de mystérieux. Elle n’est pas ce « Continent noir » où l’a relégué Freud pour mieux la nier, ni cette « Jouissance Autre » par quoi Lacan a justifié toutes les formes de limitations « symboliques » qu’a trouvé le patriarcat pour briser les femmes sexuellement.
La sexualité dite à tort « féminine » est juste dénigrée, stigmatisée de « fleur bleue », par ces mêmes prétendus libérateurs. Elle est faite d’amour pour l’autre, cet élan minimal qui ne souffre ni froideur ni indifférence ni mépris ni haine ni agressivité ni égoïsme ; faite d’attentions, de réciprocité dans les gestes et dans les désirs … bref, de tout ce que devrait impliquer une des interactions les plus intimes qui existe.
Il est évident que cette sexualité correspond peu aux standards virils de prédation et moins encore aux exigences de rationalisation industrielle telle qu’on le voit dans le système prostitueur. Cette sexualité simplement humaine est pourtant l’avenir des femmes, sans quoi noues mourrons sous les coups furieux du bâton de la revanche pornographique des hommes.
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A propos des prétendus « fantasmes de viol », réécouter les analyses de Dr Muriel Salmona :
Pas de quartiers – émission de Radio Libertaire – émission du 4 septembre 2012, avec Dr Muriel Salmona
Votre article est très bien, mais par pitié, arrête avec le « noues » ! Nous est masculin ET féminin. http://fr.m.wiktionary.org/wiki/nous
Noues vient de nouer, alors arrêtez. Par contre, le mot « homme » pour désigner le genre masculin est une usurpation, un vol et déni de l’humanité de genre féminin ! Le mot homme désigne le genre humain, et nous nous devrions de dire UN homme et UNE homme, comme un enfant et une enfant. Merci.
les dictionnaires idéologiques de type wiki-golleckie ne sont pas des références valables.
Homme n’a rien de général neutre. Il y a un mot neutre, même dans cette langue profondément misogyne qu’est le français : Humain.
Pour une analyse linguistique des effets du sexisme sur la langue, lire toute l’œuvre de Claire Michard.
enfin, le seul dictionnaire valable à ma connaissance est le Wickedary
http://croneproject.com/?page_id=1013
b.
Bonjour,
je navigue depuis un bon moment sur ce blog, j’apprécie l’écriture et l’argumentation que je n’ai jamais entendu ailleurs. Voila, durant toutes ces lectures, je n’arrête pas de me poser ces questions :
en tant qu’homme de genre masculin, hétérosexuel :
_ suis je mauvais ? Sadique de par mes pratiques sexuelles ?
_Est ce que le fait d’aimer regarder des seins et des fesses de femmes est une faute grave à laquelle il faut (selon voues) que je remédie ?
_Quel est votre position dans vos dialogues avec les hommes ?
Ces questions sont sérieuses.
ps : Aussi, comment dites vous le « nous » quand il y a masculin et féminin dans le groupe ?
Merci !
bonjour,
je pense qu’il y a un double plan sur lequel vous devez intervenir au risque de participer directement au système qui a fait de vous un oppresseur :
– un plan individuel, votre « prise de conscience » ne peut pas se faire seule dans votre coin :
a) les femmes qui voues entourent sont la première source de savoir sur ce qui est dommageable ou non pour elle. La première des choses est d’en parler avec elles, et surtout d’écouter ce qu’elles ont à dire, sans argumenter ou vous victimiser (bref ni ça : http://infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=239 ni ça : http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/07/troller-les-trolls.html ) .
b) les hommes qui vous entourent sont la première source de risque pour les femmes qui vous entourent : il faut être vigilant, ne rien laisser passer de l’humour, des phrases ou des mots blessants, des « débats neutres et désintéressés » sur les enjeux sexistes (le cerveau des femmes, le SM, la prostitution, les tâches ménagères, les différences de salaires, la culture de violence), bref, tous ces tests de disponibilité que les hommes mettent en place et que les femmes esquivent sans s’opposer frontalement car si elles le font la rétorsion masculine est collective et immédiate. Vous en tant qu’homme vous avez un ascendant sans commune mesure sur les autres hommes dans ce genre de socialisation très persécutante pour les femmes.
– au plan collectif, la réalité est sans appel : oui les modèles d’hétérosexualité sont tous sadiques contre les femmes, oui la chosification des femmes (c’est à dire la déshumanisation) est au cœur de la construction du désir viril. De fait, vous avez un devoir, en tant que bénéficiaire direct et indirect de cette culture de viol de travailler votre « masculinité ». je vous renvoie vers les travaux de Léo Thiers Vidal et John Stoltenberg.
b.
À propos de l’ascendant d’un homme sur d’autres hommes, il faut avoir à l’esprit qu’il est éphémère. Il décroit en proportion de la constance et de l’intransigeance avec laquelle cet homme s’emploiera à ne rien laisser passer. Les situations exigeant de telles interventions sont produites en permanence. Aussi, la nécessaire opposition systématique sera-t-elle rapidement perçue comme un comportement auto-excluant. Chaque opposition est à la fois une dénonciation – elle nomme ou renomme ce qui se déroule – et une critique. Or la caution mutuelle entre les membres de la classe des hommes est une des contreparties exigées pour être membre de plein droit de cette classe (au minimum, laisser opérer la [re]production de l’oppression). Pour cet homme, ne pas remplir cette part du contrat politique l’expose, sinon à l’exclusion, du moins à la marginalisation. De manière très concrète, sa capacité à capter et retenir l’attention de même que le crédit accordé à ses propos en seront significativement amoindris. Il conserve toutefois le privilège masculin de la légitimité du recours à la violence verbale envers d’autres hommes, lui permettant de [im]poser sa parole. D’une manière ou d’une autre, il peut continuer à « faire le job » et c’est bien là l’essentiel.
Bien sûr, cela a un prix pour lui. Il ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre : sa bonne conscience et continuer à jouir sereinement de tous ses privilèges de classe (c’est-à-dire choisir desquels il convient personnellement de bénéficier) . J’ai évoqué sa marginalisation mais on peut également pointer que l’usage de la violence verbale à l’égard d’autres hommes le conduit à viriliser (faire usage du privilège) son comportement, pour faire obstacle à des comportements sexistes. Il faudrait être naïf pour croire que la dénonciation de l’oppression, de l’intérieur de la classe oppressive, soit exempte de contradiction. Enfin, même dans un cadre globalement légitimé, l’accès à une violence verbale efficace (et efficiente) n’est pas également réparti entre les hommes. Elle est le plus souvent déterminée par d’autres rapports de domination ce qui rend son utilisation tributaire de l’accentuation dans l’affirmation de ces rapports ; une autre contradiction.
Pour revenir à la question à laquelle répondait binKa, au plan individuel, il suffit de ne rien laisser passer et d’être prêt à en payer le prix. C’est un bon moyen de savoir s’il s’agit d’une prise de conscience ou d’un inconfort de l’âme 😉
merci Flaz pour ce raisonnement très articulé.