Le pouvoir magique de l’argent des hommes en matière de viol.

Andrea Dworkin, « Prostitution & domination masculine », conférence donnée en 1992, à la Faculté de droit de l’Université de Michigan, sous le titre : Prostitution : from Academia to Activism.

C’est un grand honneur pour moi que d’être ici aujourd’hui avec mes amies et mes paires, mes soeurs au sein de ce mouvement. Mais je ressens aussi d’énormes déchirements à être ici, parce qu’il est très difficile de penser à ce qu’on peut dire de la prostitution dans un cadre universitaire. Les a priori du monde universitaire arrivent à peine à imaginer la réalité de la vie des femmes en prostitution.

La vie universitaire a pour prémisses la notion qu’il existe un demain et un surlendemain et une journée après cela ; ou que l’on peut se mettre à l’abri du froid et étudier ; ou qu’il existe un certain discours à propos des idées et qu’on dispose d’une année de liberté où exprimer des désaccords sans y risquer sa vie. Ces prémisses sont la réalité quotidienne des personnes qui étudient ou qui enseignent ici. Mais elles sont l’antithèse même de la vie des femmes qui sont en prostitution ou qui y ont été.

Si vous avez été en prostitution, vous n’avez pas demain à l’esprit parce que demain, c’est très très loin. Vous ne pouvez prendre pour acquis que vous serez encore vivante dans la minute qui vient. Vous ne le pouvez pas et vous ne le faites pas. Si vous le faites, vous êtes stupide, et être stupide dans le monde de la prostitution, c’est être blessée, c’est être morte. Aucune femme qui est prostituée ne peut se permettre d’être stupide au point de prendre demain pour acquis.

Je ne peux réconcilier ces différentes prémisses. Je peux seulement vous dire que les prémisses de la femme prostituée sont les miennes. C’est sur leur base que j’agis. C’est sur elles que mon travail est basé depuis toutes ces années. Je ne peux accepter – parce que je ne peux croire – les prémisses du féminisme issu de l’université : le féminisme qui dit que nous allons écouter toutes les parties, année après année, et qu’ensuite, un jour, dans l’avenir, par quelque processus que nous n’avons pas encore trouvé, nous allons décider de ce qui est juste et de ce qui est vrai. Cela n’a aucun sens pour moi.

On me dit que cela a du sens pour beaucoup d’entre vous. Je parle en travers du plus vaste fossé culturel de ma vie. Il y a vingt ans que j’essaie de parler en travers de ce fossé, avec un succès que je qualifierais de marginal. Je veux nous ramener aux éléments de base.

Qu’est-ce que la prostitution ?

La prostitution : qu’est-ce que c’est ? C’est l’utilisation du corps d’une femme pour du sexe par un homme ; il donne de l’argent, il fait ce qu’il veut. Dès que vous vous éloignez de ce que c’est réellement, vous vous éloignez du monde de la prostitution pour passer au monde des idées. Vous vous sentirez mieux ; ce sera plus facile ; c’est plus divertissant : il y a plein de choses à discuter, mais vous discuterez d’idées, pas de prostitution. La prostitution n’est pas une idée.

C’est la bouche, le vagin, le rectum, pénétrés d’habitude par un pénis, parfois par des mains, parfois par des objets, pénétrés par un homme et un autre et encore un autre et encore un autre et encore un autre. Voilà ce que c’est.

Je vous demande de penser à vos propres corps – si vous arrivez à vous abstraire du monde que les pornographes ont créé dans vos esprits, celui où flottent en aplat, sans vie, des bouches, des vagins et des anus de femmes. Je vous demande de penser concrètement à vos propres corps, utilisés de cette façon. Est-ce sexy ? Est-ce agréable ? Les gens qui défendent la prostitution et la pornographie veulent que vous ressentiez un petit frisson pervers à chaque fois que vous pensez au fait de plonger un objet dans une femme. Je veux que vous ressentiez ses tissus délicats que l’on maltraite ainsi. Je veux que vous ressentiez ce qu’on ressent quand cela se produit encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore ; parce que c’est cela la prostitution. La répétition vous tuera si ce n’est pas l’homme qui le fait.

Voilà pourquoi – du point de vue d’une femme qui est en prostitution ou d’une femme qui a été en prostitution – les distinctions que font d’autres gens entre l’événement qui a lieu au Plaza Hotel et celui qui a lieu à un endroit moins élégant ne sont pas les distinctions qui comptent. Ces perceptions sont irréconciliables, leurs prémisses irréconciliables. Pourtant, dites-vous, les circonstances doivent bien avoir de l’importance.

Non, elles n’en ont pas, parce que nous parlons de l’utilisation de la bouche, du vagin et du rectum. Les circonstances n’atténuent pas, ne modifient pas ce qu’est la prostitution. Alors, plusieurs d’entre nous disons que la prostitution est intrinsèquement violente. Je tiens à être claire : je vous parle de la prostitution en soi, sans autre violence, sans violence supplémentaire, sans qu’une femme soit frappée, sans qu’une femme soit bousculée. La prostitution à elle seule constitue de la violence contre le corps d’une femme. Celles d’entre nous qui disons cela sont accusées de simplisme.

Mais la prostitution est très simple. Et si vous ne la regardez pas simplement, vous ne la comprendrez jamais. Plus vous viserez une pensée complexe, plus vous prendrez vos distances de la réalité – plus vous serez en sécurité, plus vous serez heureuses, plus vous aurez de plaisir à discuter du thème de la prostitution.

Dans la prostitution, pas une femme ne demeure entière. Il est impossible d’utiliser un corps humain de la façon dont le corps des femmes est utilisé en prostitution et d’avoir encore un être humain entier au bout du compte, ou au milieu ou près du début. Et pas une femme ne redevient entière plus tard, après. Les femmes qui ont été violentées dans la prostitution ont des choix à faire. Vous avez vu ici des femmes très courageuses poser certains choix très importants : utiliser ce qu’elles savent, essayer de vous communiquer ce qu’elles savent.

Mais personne ne redevient entière parce qu’on vous en enlève trop quand l’invasion a lieu à l’intérieur de vous, quand la brutalité a lieu sous votre peau. Chacune d’entre nous essaie si fort de communiquer aux autres cette douleur. Nous plaidons, nous tentons des analogies. La seule analogie qui me vienne à l’esprit concernant la prostitution est que ça ressemble plus à un viol collectif qu’à quoi que ce soit d’autre.

La magie de l’argent

Oh ! dites-vous, mais le viol collectif, c’est tout à fait autre chose ! Une femme innocente déambule dans la rue et elle est agrippée par surprise… Toutes les femmes sont cette femme innocente. Toutes les femmes sont agrippées par surprise. Une prostituée est, dans sa vie, agrippée par surprise encore et encore et encore et encore. Son viol collectif est ponctué par un échange d’argent, c’est tout. C’est la seule différence.

Mais l’argent a une qualité magique, n’est-ce pas ? Vous donnez de l’argent à une femme et soudain, quoi que vous lui ayez fait, elle l’a voulu, elle l’a mérité. Pourtant, nous comprenons la dynamique du travail masculin. Nous comprenons que les hommes font des choses qu’ils n’aiment pas en échange d’un salaire. Lorsque les hommes vivent un travail d’usine aliénant, nous ne disons pas que l’argent transforme l’expérience pour eux de sorte qu’ils ont aimé cela, qu’ils ont eu du plaisir et, en fait, qu’ils n’aspiraient à rien d’autre. Nous voyons la routine, l’absence d’horizon ; nous reconnaissons que la vie d’un homme devrait sûrement valoir mieux que cela.

La fonction magique de l’argent est genrée, en ce sens que les femmes ne sont pas censées avoir de l’argent, parce que, quand les femmes ont de l’argent, on présume que les femmes peuvent faire des choix, et un des choix que peuvent faire les femmes est celui de ne pas être avec les hommes. Et si les femmes font le choix de ne pas être avec eux, alors les hommes seront privés du sexe auquel ils ont le sentiment d’avoir droit. Et s’il est nécessaire que toute une classe de personnes soit traitée avec cruauté, indignité et humiliation, placée en condition de servitude, pour que les hommes puissent avoir le sexe auquel ils pensent avoir droit, alors c’est ce qui arrivera. Voilà l’essence et le sens de la domination masculine. La domination masculine est un système politique.

Il est toujours extraordinaire, quand on regarde cet échange d’argent, de réaliser que dans l’esprit de la plupart des gens, l’argent vaut plus que la femme. Les dix dollars, les trente dollars, les cinquante dollars valent beaucoup plus que sa vie entière. L’argent est réel, plus réel qu’elle. L’argent permet à l’homme d’acheter une vie humaine et d’effacer son importance de tous les aspects de la reconnaissance civique et sociale, de la conscience et de la société, des protections de la loi, de tout droit de citoyenneté, de tout concept de dignité humaine et de souveraineté humaine. Cinquante maudits dollars permettent à n’importe quel homme de faire cela.

Si vous deviez chercher une façon de punir les femmes d’être des femmes, la pauvreté suffirait. La pauvreté est dure. Elle fait mal. Ces salopes regretteraient d’être des femmes. C’est dur d’avoir faim. C’est dur de ne pas avoir un logis vivable. On se sent vraiment désespérée. La pauvreté est toute une punition. Mais la pauvreté ne suffit pas, parce que la pauvreté à elle seule ne fournit pas aux hommes un bassin de femmes à baiser sur demande. Si affamées que soient les femmes, la pauvreté ne suffit pas à créer ce bassin de femmes. Alors, dans différentes cultures, les sociétés s’organisent différemment pour obtenir le même résultat : non seulement les femmes sont-elles pauvres, mais la seule chose de valeur que possède une femme est ce qu’on appelle sa sexualité, qui, en même temps que son corps, a été transformée en produit marchand. Ce qu’on appelle sa sexualité devient la seule chose qui ait de l’importance ; son corps devient la seule chose que quiconque veuille acheter.

On peut alors formuler un a priori : on peut tenir pour acquis que si elle est pauvre et a besoin d’argent, elle vendra du sexe. L’a priori peut être faux. L’a priori ne crée pas à lui seul le bassin de femmes prostituées. Il faut plus que cela. Dans notre société, par exemple, dans la population des femmes qui sont aujourd’hui prostituées, nous avons des femmes qui sont pauvres, issues de familles pauvres ; elles ont aussi été victimes d’agressions sexuelles dans l’enfance, d’inceste en particulier ; et elles sont maintenant sans abri.

L’inceste est la filière de recrutement. C’est là qu’on envoie la fille pour lui apprendre comment faire. Donc, bien sûr, on n’a pas à l’envoyer nulle part, elle y est déjà et elle n’a nul autre endroit où aller. On l’entraîne. Et l’entraînement est spécifique et il est crucial : on l’entraîne à ne pas avoir de véritables frontières à son propre corps, à être bien consciente qu’elle n’est valorisée que pour le sexe, à apprendre au sujet des hommes ce que l’agresseur, l’agresseur sexuel, lui apprend. Mais même cela ne suffit pas puisque, après l’entraînement, elle s’enfuit et se retrouve dans la rue, sans abri, itinérante. L’une ou l’autre de ces formes de destitution doit avoir lieu pour la plupart des femmes en prostitution.

J’ai beaucoup réfléchi, ces dernières années, à ce que signifie l’itinérance pour les femmes. Je crois qu’il s’agit, littéralement, d’une condition préalable, comme l’inceste et la pauvreté aux États-Unis, servant à créer une population de femmes qui peuvent être prostituées. Mais être sans abri a un sens plus vaste. Demandez-vous où n’importe quelle femme dispose réellement d’un abri.

Aucune enfant n’est à l’abri dans une société où une fillette sur trois va être agressée sexuellement avant d’atteindre dix-huit ans. Aucune épouse n’est à l’abri dans une société où des statistiques récentes semblent indiquer qu’une femme mariée sur deux est violentée ou l’a déjà été. Nous sommes les ménagères, nous aménageons et entretenons des abris, mais nous n’y avons pas droit nous-mêmes.

Je crois que nous avons eu tort de dire que la prostitution était une métaphore de ce qui arrive à toutes les femmes. Je crois que c’est vraiment l’itinérance qui est cette métaphore. Je crois que chaque femme est dépossédée d’un lieu de vie qui soit sécuritaire, qui lui appartienne en propre, un lieu de souveraineté non seulement sur son propre corps mais sur sa vie sociale concrète, que ce soit en famille ou entre amies. Dans la prostitution, une femme demeure sans abri.

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Voici un autre extrait d’Andrea Dworkin, publié le 2 août 2002 dans le journal The Herald, de Glasgow (Écosse). Dans cette ville, des féministes ont réussi – après une longue lutte – à faire reconnaître comme dégradante pour les femmes la pratique prostitutionnelle de la « danse-contact » (lap-dance), qui se pratique dans des boîtes de nuit : elle consiste pour une femme à danser nue tout près d’un homme qui lui donne de l’argent. L’homme reste habillé et la femme se frotte contre lui, en une sorte de masturbation sans les mains et à travers les vêtements.

Le texte original a été traduit en français.

It is only when defending sexual objectification in prostitution and its sister phenomena (lap-dancing, stripping, pornography) that women get to be « consenting adults ». Giving up one’s body for money is the signature of a woman’s consent.

In California a man named Lawrence Singleton raped a teenage girl and cut off her arms. As a final gesture he threw a $10 bill at her nearly dead body. She had consented, he said, and he clearly expected his largesse to prove consent. Had he not cut off her arms, the $10 might have bought him an acquittal. When the Marquis de Sade assaulted and poisoned prostituted women, the exchange of money was (and still is) widely regarded as consent. When the Marquis was prosecuted for egregious violence by one of his non-prostitute victims, her willingness to accept a money settlement showed her bad character and that she deserved what she got. She did more than consent: he abused her because she wanted him to . . . so that she could get the money.

The same algebra occurs every day in contemporary US courts. Money for sex cleanses the man; the woman who takes the money is consenting to, or has invited whatever happens to her.

Glasgow City Council and the licensing board refused to accept this patriarchal axiom. Instead, the concern was the well-being of all women, including those who did lap-dancing: commercial sexual exploitation was seen as a gateway to violence against women.

Men did not get to use money to justify exploiting the downtrodden. And though the people I consider to be exploitative will claim that middle-class women are racing to sex emporiums, the fact is that lap-dancing is for the poor, the abused, the hopeless. The work so-called is more deadening and boring than any assembly line in any factory, and then there is the question of vulnerability: the naked are vulnerable, the clothed waving pounds are not. And men are so big and strong.

The one argument for lap-dancing is the economic one. Even though women do not consent to poverty, women are poor, none the less. Lap-dancers are described as self-employed. They pay the boss £80 a night and 15% of the tips they make for the privilege of being sexual commodities. They are said to make a whopping £25,000 a year.

Every woman, said the women’s movement, is one man away from welfare.

Lap-dancers require considerably more than one man. Women working in the same jobs as men still get paid less than their male counterparts. But no-one would expect to see an epidemic of male lap-dancing. Some forms of degradation are female-only. As with most so-called sex work, the lap-dancers are closer to indentured servitude than to capitalist pigdom.

It is hard to imagine a time when men will run out of ways to exploit women’s bodies for sexual entertainment. Lap-dancing is the craze du jour, a hair-breadth away from prostitution, or conjoined with it. It might be better to bring back bear-baiting as a public spectacle than to make each man’s lap a kingdom on which the glamorous serfs will perform as dancing girls to bring him the pleasure of the pornographic nude in action . . . and for him, all for him. He is king of the world.

The sexual proletarian has to convince him that she is on his lap, of all the laps in the universe, because she wants to be. His lap is special, don’t you see, as each and every time she goes through the ordeal of making him twice his natural size. Virginia Woolf did not imagine that the man would have mirrors of this sort … live, naked, dancing lap-women … with which to enhance and enlarge himself.

He’s a greedy piece of work, this consumer of other live human beings. He thinks the females exist for him and the new game in town is that they come this close, so very close, to his erect penis without touching it and then he gives them money. In the game, as the rules are written, he flirts with the continsuum between impotence and masturbation. Of course the implicit logic is that the females do touch it if he wants and then the women get more money (at that moment) and cross a line; no longer dancers, they become prostituted women, the genuinely marginal women to whom anything can and will be done.

Lap-dancing is a rung above the bottom. Prostitution is the bottom. The fall is inevitable because lap-dancing is foreplay in lieu of the main event. The men are excited by the novelty of having female strangers so close, purely sexual, expecting nothing but a few bills. The men are excited by the rush of having naked, living pornography so close. The men are excited by their own agency, the domination of « the girls » by money that they have and « the girls » don’t. Each individual man is king of the world as he flashes cash.

In order to advocate or consume lap-dancing a man must think he is a fascinating sexual figure; thus it is plausible for him to argue that he is fulfilling the woman’s need to be naked and undulating for him. The arrogance of the assumption is staggering. The sheer boredom of man after man after man should be self-evident, but apparently, along with celebrating his own sexual charisma, the man thinks that women have no brains, no hearts, no lives worth living. He’s enough. He is reason enough to condemn her to a degraded life.

To accept a woman as a sexual commodity means the man has no brain, no heart, no life worth living. Think about it: the average idiot (included in this category are the prominent men who use lap-dancers) has a right, which he and his cohort presume, to use up the life of a woman, to have her touch or not touch at his behest, to have her naked and gyrating, to appropriate her sexuality for money . . . but not only her sexuality, also her vitality, her energy, years of her life. It’s as if the bear has been let out of the cage because finally a bunch of bears has been taught to lick, not bite.

The women are throwaway women, and most do end up in outright prostitution, visited by these same men, now playing a harder, more forceful, more depraved game. In lap-dancing, as in prostitution, the male has the illusion of having bought the female body . . . it’s his for three minutes, or five, or 10. He has the illusion of having a right to buy that body.

He has no responsibility for what happens to that body after he is done with it. She is an « it », her body standing in for her humanity. One has to ask: are men really this stupid? Then one grasps the sinister principle that has allowed all the banal boys to turn into nasty but gratified men: commodifying a human body is the base principle for all forms of systematised cruelty: trafficking in women, selling slaves in the Sudan, using violence against another group, identified by race or gender or national identity or class.

The big, brave men who want lap-dancing could use some lap-slicing in its place.

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NB : Pour ne pas oublier la force de nos ennemis …. je vous laisse un exemple de réplique masculiniste, parmi des milliers, venues de tous bords (universités, industriels, aussi bien que milieux militants …), qu’a endurées Andrea Dworkin à cause de son infatiguable combat contre les violences masculines.

Anti-Feminist Propaganda – masculinist response to Andrea Dworkin’s article about Lap Dancing.

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