« Consentement » ? un vice de procédure dans la qualification pénale des crimes sexistes.

Un vice de procédure qui attaque nos droits fondamentaux.

Dans la loi, le consentement de la victime est sans incidence sur la qualification des crimes (viol, meurtre, torture et actes de barbarie). De même, le consentement des femmes à être prostituée par les hommes (clients-prostitueurs et/ou proxénètes) ne peut raisonnablement être invoqué pour légaliser la prostitution. Au plan pénal, ce sont les actes de l’agresseur qui sont jugés : pour le viol, il y a 4 éléments : la surprise, la contrainte, la menace et l’usage de la violence. Le fait que la notion fantôme de consentement prévale sur la notion juridique elle-même (consentement vs viol) n’a rien de fortuit. Historiquement, cette notion est une notion patriarcale dans un droit patriarcal : elle sert à blanchir le viol, crime sexiste majeur, en le traitant comme de la sexualité, c’est à dire non comme une agression où il y a un coupable de crime sur une victime mais comme une interaction où un homme a pour rôle sexuel d’ « initier l’acte » et la femme a pour rôle de « consentir ou de refuser » l’acte. Aujourd’hui, la notion de consentement prend un poids juridique de plus en plus inquiétant, elle est réaffirmée avec une force sans précédent car le patriarcat néolibéral est en pleine expansion. Sa capacité d’effacement des crimes sexistes enfle depuis 50 ans, depuis que les industriels du sexisme (pornographes, proxénètes, libertins BDSM ou échangistes) avancent méthodiquement leurs cheveaux de Troie juridiques : « liberté sexuelle » et « liberté d’expression ». Désormais, suite à certaines jurisprudences très inquiétantes, la notion de consentement peut même prévaloir sur la qualification des coups et blessures, de torture et acte de barbarie. Pourquoi ?

Quand est-ce que la notion de consentement contrevient à la qualification des violences et crimes les plus graves ? …. atteinte à l’intégrité du corps et à l’intégrité morale de la personne dans le viol, coups et blessures et/ou torture et actes de barbarie dans le BDSM, atteinte à l’intégrité physique et morale et/ou menaces et/ou coups et blessures dans le viol prostitutionnel … en fait, la clause suspensive qu’est le « consentement de la victime » intervient magiquement  quand le crime est préjugé être sexuel, c’est à dire quand l’homme qui a commis ce crime dit en avoir joui. 

Et puisque le Législateur et ses exécutants sont fins psychologues ……

Les procès pour viol deviennent magiquement des procès d’intention contre la victime : consenti, pas consenti, à quoi, pourquoi ? De même, les défenseurs de la prostitution invoque la toute-puissante « agency » des victimes pour expliquer ce système multimilliardaire.  Des actes de pouvoir sexiste, individuel ou étendus, auraient donc un agent principal : une femme ! Stupéfiant.

Il y a pourtant une « intention coupable » et une agency qui pèse plus lourd que de consentir à souffrir ! C’est celle du délinquant ou criminel dit « sexuel » : non seulement cet homme a consenti à l’acte qu’il a commis, mais ça l’a excité et il en a joui, il était donc déterminé à ne pas se laisser arrêter par la victime et il en a été récompensé.

Selon moi, qu’un criminel puisse jouir de son crime est une circonstance plus qu’aggravante : elle est accablante, car elle révèle le sadisme du criminel. Or cette intention coupable pousse à la récidive et à l’escalade, et cause chez les victimes les psychotraumatismes les plus sévères. Elle devrait donc être condamnée sans appel.

Crime « sexuel » ? Torture « ayant entraîné des souffrances sans intention de les infliger » ….

Selon la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la torture est « tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne [pour la faire parler ou taire] […], ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit […] ».

La qualification de torture respose sur l’intention coupable du bourreau : la souffrance est intentionnellement infligée. En fait, évacuer la notion de sadisme dans les procédures pour viol au profit de l’idée de « pulsion » mécanique, vise à camoufler un fait que toutes les victimes savent : le viol est un acte de torture, une souffrance aiguë qui leur a été délibérément infligée. Elle est délibérée d’être sadique : le bourreau jouit des souffrances qu’il inflige. Il jouit au minimum de voir les effets  qu’a sa froideur instrumentale, son sadisme passif sur la victime, quand il lui signifie (par son regard ou son absence de regard, par son silence, par ses mots qui ne sont que réclamations ou ordres, par des mots qui révèlent son absence totale d’empathie ou sa certitude de tout savoir de ce que veut l’autre) : « tu n’existes plus ». De plus, le viol est commis de manière unilatérale par un groupe sur un autre. La torture par viol est donc aussi délibérée d’être stratégique au plan politique : les hommes violent  en masse pour imposer le silence aux femmes mais aussi pour leur faire avouer qu’elles sont bien ce qu’ils disent qu’elles sont, qu’elles veulent ce qu’ils veulent. Le viol est donc deux fois de torture au sens de la convention.

Les crimes spécifiques contre les femmes, commis par les hommes parce qu’elles sont femmes, sont voués à la correctionnalisation [cf. revendications du CFCV; un article d’une camarade ici] et au négationnisme [officiellement 1 viol toutes les 3 minutes en France, mais le gouvernement ne déclenche aucun plan d’alerte, et toutes les institutions persistent à les traiter comme des cas individuels; un génocide sans précédent en Asie, mais nul n’a encore saisi le le tribunal pénal international]. Eclairer l’intention coupable des criminels plutôt que les intentions des victimes permettrait de voir le sadisme à l’oeuvre dans les faits. Or il devrait caractériser les crimes les plus graves, car il est une des causes du caractère systématique, méthodique et pandémique des violences sexistes (et de toute violence politique déterminée par un rapport d’appropriation individuelle – filiation, esclavage domestique). Sadisme dans l’humiliation et l’insulte, sadisme dans l’insistance à pénétrer, sadisme dans la gifle, sadisme dans la brutalité et la persécution sans limite …. cette notion devrait réhausser le niveau de gravité des actes commis avec méthode contre une femme (harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol par conjoint, viol par pornographe, viol par client-prostitueur et proxénètes, viol avec meurtre) ou contre les femmes comme classe (organisation de la prostitution et le pornographie, organisation de la subordination sexuelle à travers les politiques familiales, les politiques économiques, les pratiques juridiques et la propagande [médias et culture]). Ceci pour les ramener à leur degré de gravité au regard du droit commun (qui s’applique dès que ni l’intention ni l’intérêt de classe du criminel ne sont sexistes). Seulement alors nous pourrions dénoncer les crimes sexistes pour ce qu’ils sont : crime, torture, actes de barbarie ou crime contre l’humanité.

Le législateur doit admettre que :

Nous sommes plus importantes à protéger que le plaisir des vainqueurs !

Les crimes qu’ils commettent contre nous sont des urgences sanitaires, pénales et éthiques bien plus grandes que leurs exigences à pouvoir librement s’exprimer ou coucher dès qu’ils en éprouvent l’envie !

Notre silence doit peser plus lourd contre eux que leur halètement contre nous. Ils ne doivent plus faire passer nos cris de souffrance pour leurs cris de jouissance. Leur sadisme doit se révéler derrière leur alibi de « masochisme féminin ». Qu’ils admettent jouir en commettant un crime sinon, qu’ils débandent face à une femme qui ne les désire pas !

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24 réponses à « Consentement » ? un vice de procédure dans la qualification pénale des crimes sexistes.

  1. Azhour (Azur Schmitt) dit :

    Le consentement : arme « fameuse » hors qualification du crime mais que les représentants du désordre , de la vie des femmes violées ou agressées, utilisent jusqu’à ajouter un élément intentionnel dans la qualification juridique. Et, quel consentement ? Pas le consentement du code civil que la doctrine a défini de telle manière que le moindre petit vice en annule les effets. Non, Ce consentement qui est renvoyé aux victimes n’est jamais vicié, il est à ce point présumé qu’il est extrêmement difficile d’ y apporter la preuve contraire (oui, oui à la victime de prouver même si son vagin saigne) . Pire encore cette jurisprudence, selon laquelle, une victime harcelée sexuellement qui « succombe » à son agresseur est une harcelée sexuelle mais pas une femme violée car il y a eu devinez quoi ? Consentement évidemment. Le consentement pas vicié, jamais, quand il s’agit « d’agressions sexuelles » … Merci Binka pour votre article qui rappelle les fondamentaux sur lesquels la juste s’assoit tous les jours. Il va falloir qu’on cesse de voir les femmes que comme des choses qui consentent à la violence de ces messieurs ! Merci infiniment pour le lien vers mon blog

    Azhour

    • binKa dit :

      Merci Azhour
      merci pour votre article sur la correctionnalisation des affaires de viol.

      De plus en plus, je suis convaincue que ces dénis en série (dont la déqualification n’est qu’une cerise sur le gâteau de la Conspiration des oreilles bouchées [selon le titre de Carole Roussopoulos : http://www.carole.powa.fr/contact.html ]) reposent sur un vice de procédure qui consiste à orienter tout le procès sur la recherche de son « consentement », alors qu’un procès pour crime n’a que faire des agissements de la victime, ce qui est jugé ne dépend pas des comportements de la victime mais d’actions objectives [il a organisé la surprise, il a contraint, il a utilisé la violence, il a menacé, d’une manière ou d’une autre] une intention coupable [s’il a menti quand on l’a interrogé, c’est qu’il a quelque chose à cacher, s’il a isolé la victime, c’est qu’il avait un plan, s’il a profité qu’elle était ivre, c’est qu’il y a préméditation ….].

      Plus nous multiplirons les témoignages sur les pratiques des agresseurs et les phrases assassines des institutions qui organisent la correctionnalisation de ces crimes, plus leur proximité se révèlera, plus les complicités éclateront au grand jour, et plus on rendra justice et paix aux victimes !

      merci à chacune d’être une cellule de veille pour elle-même et pour les autres quand la force revient, l’isolement se rompt …

      b.

  2. Elfvy dit :

    Bonjour,
    Je suis d’accord avec votre argumentation et c’est pour ça que je commente, vous avez perturbé ma façon de penser !

    J’ai toujours considéré que l’important n’était pas ce que l’agresseur pensait ou pense, mais bien ce que ressentait la victime, donc son consentement. Le consentement dans sa forme la plus vraie, sans aucune pression d’aucune sorte. Pour moi, peu importe la bonne ou mauvaise foi de l’agresseur, seul ce qui se passe dans la tête de la victime est important pour qualifier un viol de viol.
    Mon problème vient peut-être que je n’arrive pas à considérer tous les violeurs comme des violeurs qui se savent. Je n’arrive vraiment pas à me défaire de cette idée : des hommes ne se rendent pas compte qu’ils violent. Donc du coup, leur intention de nuire est inexistante. Mais le viol est tout de même là, puisque la victime ne désirait pas. J’interprète ça comme une mauvaise éducation à la sexualité : combien y a-til d’hommes, et de femmes, qui considèrent qu’en payant une prostituée, ils ne la violent pas ?! combien de personnes voient la sexualité comme un plaisir égoïste et non un acte partagé ?

    Donc, votre article me perturbe. A la fois vous avez raison, mais d’un autre côté, ça ne fonctionne pas avec la non-intention du violeur qui, il me semble, peut exister.

    • binKa dit :

      Elfvy,
      merci pour votre analyse, je la mets sur le blog sans pourtant pouvoir y répondre tout de suite, car je trouve important que les femmes bénéficient de votre analyse, pour que nous réfléchissions ensemble autour de votre question important : la définition du viol peut-elle être « objective » ou doit-elle partir d’un point de vue particulier, objectivité et point de vue s’opposent-ils pour définir le viol dès lors qu’il est un crime politique, etc …. (si d’autres camarades/lectrices veulent s’en saisir, je publierai vos réponses à Elfvy).
      merci
      à bientôt
      b.

  3. Fantastique article!

    Pour répondre à Elfvy, je dirais que la sexualité de maintenant est construite pour les hommes, ce qui a des effets nocifs pour les femmes. Il y a autant de pression sur les femmes d’avoir des relations sexuelles avec des hommes, et de les avoir après une façon particulière, principalement le pénis dans le vagin. Parce que les relations sexuelles sont exécutées dans une façon qui n’est pas ciblé au plaisir des femmes mais au plaisir des hommes, c’est bien possible que le viol se produit sans que l’homme ne sache ce qui se passe. Il y a également la pression de ne pas dire ‘non’ et le manque de présentation positive des options alternatives (par exemple, le lesbianisme). En plus, la prostitution n’est pas presenté comme le viol. C’est un problème plus large de la construction de la sexualité, mais c’est aux hommes de prendre plus de la responsabilité parce que c’est eux qui ont le pouvoir sociétal.

    Je crois, cependant, que les viols qui se produit dans la façon que je viens de décrire sont assez rare et la plupart du temps ils ne sont pas classés comme le viol, même par les victimes. Malheureusement on vit dans un monde où les femmes sont détesté, et le viol su a lieu très fréquemment. Par exemple, grâce au travail des féministes, l’abus sexuel des enfants n’est pas acceptable en la société, mais c’est toujours endémique. Les hommes qui violent les enfant-es savent que c’est mal, mais il le font quand même.

    Je suis désolée de mon français mauvais; j’espère que j’étais claire…

    • binKa dit :

      Merci Catherine,
      quelle contribution au débat !
      remarque : les formules d’effacement de sa parole (de type « je suis désolée ….[je ne suis pas légitime à parler ou ce que je dis ne se comprend pas] sont interdites sur ce blog 😉 Pas seulement parce qu’elles sont des fausses perception de soi (votre propos est très clair) mais aussi parce que c’est un réflexe d’opprimée (ici double illégitimité intériorisée à parler : *en tant que femme + *en tant que locutrice non certifiée FR), il faut donc nous en décoloniser 🙂 🙂 !!
      merci
      b.

  4. Azhour (Azur Schmitt) dit :

    Binka , la correctionnalisation est acceptable parce qu’il y consentement. Cette fois-ci pas le consentement au viol (en règle général la correctionnalisation est proposée quand le viol est admis) mais à la correctionnalisation. Exemple d’un consentement éclairé (rire) « la gravité de son état psychologique a nécessité la consultation en urgence d’un confrère psychiatre …, qui l’a examinée ce jour et qui a préconisé pour elle la poursuite d’un suivi psychiatrique à long terme dans un centre d’hygiène mentale agrée » . Pas de souci la victime a consenti à la correctionnalisation.

    Elfvy,

    L’intention du violeur se déduit de son crime. Que se passe t-il dans sa tête quand il entend un NON . Rechercher une intention de nuire c’est ajouter un élément à la qualification juridique qui est déjà assez bancale comme ça. Votre idée rejoint ce qu’il est coutume d’appeler l’élément moral de l’infraction (d’où le fameux consentement). Pour le viol, l’élément moral serait la « conscience » qu’a le violeur de commettre un acte non consenti. Cette prise de conscience devrait se déduire du NON de sa victime. Sauf, que le non cela ne suffit pas. Il faut encore qu’il est conscience que c’est un « vrai » NON. Un psy me disait récemment que dans une société patriarcale , le non prononcée par une femme n’est pas un non mais un peut-être. Admettons que cet élément moral existe (ce qui est le lot de toutes les infractions pénales dites intentionnelles) Nous comprenons alors que les juges puissent parler du consentement. Le souci c’est que ce consentement de la victime est présumé à un point tel que le violeur n’a qu’à dire qu’elle était consentante pour s’en sortir. Et, si le violeur avoue qu’il a bien entendu un non , il faurait encore que ce non permette au violeur de prendre « conscience ».

    A méditer (ce n’est pas une blague , c’est le procès-verbal d’audition d’un violeur)

    « le non n’était pas un non catégorique mais un non consentant ».

    • binKa dit :

      merci !

      « le procès-verbal d’audition d’un violeur : « le non n’était pas un non catégorique mais un non consentant ». »

      cette phrase de procès verbal est édifiante ! elle révèle l’esprit de la loi qui prévaut en matière de violences sexistes. Les victimes de viol sont les seules victimes de crime desquelles il est supposé a priori qu’elles aient pu y consentir. Mieux, il est même attendu qu’elles démntrent qu’elles n’ont pas consenti !

      Or, depuis déjà des années, officiellement les magistrats n’ont plus le droit de se baser sur le principe qui a été une arme absolue contre les femmes : « Qui ne dit mot consent ». Désormais, le principe qui prévaut est celui-ci : « Le consentement ne se déduit pas », cela veut dire que silence = non ; pas oui = non. Pas besoin de dire « non » normalement. Et c’est d’ailleurs évident : comme si le vol n’était qualifié de vol que si la victime « non, ne me volez pas » !! C’est supposer que l’acte n’est pas une agression (= qui impose à l’autre quelque chose) mais une proposition (= « vous voulez coucher madame ? ») !! une aberration !
      b.

      • Elfvy dit :

        merci, je pense un peu mieux comprendre maintenant.
        c’est vrai qu’on ne présuppose pas le consentement d’une victime de vol. Si on retrouve le voleur avec la télé de la victime, j’imagine qu’on ne va pas demander à la victime de prouver qu’elle ne lui a pas donné cette télé.
        mais alors pourquoi ce traitement est si différent ? ça semble couler de source. Je n’y connais pas grand chose en droit, mais comment cette différence est traduite ? ou bien c’est juste dans les mentalités ?

        • binKa dit :

          Absolument, Elfvy, il y a un traitement spécifique des viols, dans les pratiques judiciaires comme de la part des gens qui nous entourent. Pourquoi ? Car le viol est un crime politique : il est au sexisme ce que le lynchage est au racisme US, une méthode de terreur qui bénéficie de complicité à tous les niveaux de l’ordre social.

          Cet ordre est établi par les autorités sensées protéger les « citoyens », mais il est aussi maintenu par les bénéficiaires direct du viol, à savoir ceux qui attendent que viennent à eux les échappées déboussolées, les rescapées affolées, les brisées résistantes : les hommes. Or ils ont une empreinte énorme sur nos vies : ils contrôlent toutes les institutions garantes de nos vies [emploi, logement, politiques publiques] et ils sont jugés indispensables à tous les niveaux stratégiques de nos vies [amour de soi à travers le couple ou la sexualité, etc.]. C’est ainsi qu’ils contrôlent aussi nos espaces de pensée.

          C’est pourquoi l’auto-organisation est nécessaire : ce que fait le collectif Pas de Justice Pas de paix avec la campagne #jenaipasporteplainte est un magnifique exemple : des femmes parlent aux femmes et nous démontrons ensemble que nous sommes un peuple, que nous existons en dehors « d’eux », nous avons une parole en dehors de « ce qu’ils pensent et veulent » [plein d’hommes essaient de faire taire les victime et les médias sont sidérés par l’ampleur du phénomène], et que le pouvoir peut trembler si soudain les victimes, les dizaines de millions de victimes de France [quelle femme n’a jamais été agressée sexuellement ? ] se soulèvent et réclame JUSTICE ! Pas celle des « Hommes », celle des humains que nous sommes !
          @ toutes : merci à chacune pour vos contributions … j’avance dans ma vie et dans ma tête à chaque réflexion que vous suscitez, merci !
          b.

          • Elfvy dit :

            je viens de me rendre compte -alors que je lis des articles féministes et des études depuis plus d’un an- que ma tête est encore trop engluée dans ce système de société sexiste.
            Si j’ai bien compris (je suis désolée pour mes messages qui vous font répéter 56 fois la même chose, mais c’est pour bien comprendre là-haut), inclure la notion de consentement dans une affaire de viol/agression sexuel fait le jeu du patriarcat ? le seul comportement de l’agresseur suffit à qualifier ces crimes ? Donc en fait, l’idéal si on veut porter plainte, ce n’est pas de dire « je ne voulais pas », mais « il a fait ça et ça » ? Par les actions de l’agresseur, on devine s’il y a contrainte ou pas.
            En fait, j’ai juste l’impression de savoir déjà tout ça tout en ne l’ayant jamais réellement compris. Donc, il faut rejeter toute notion du consentement, c’est ça ? (oui oui, bien sûr c’est ce que vous dîtes depuis le début, bon bref.)

            Merci d’avoir répondu à mes interrogations. J’ai bien sûr entendu parler de cette campagne et l’ai faite partagée, et j’ai bon espoir que ça puisse aboutir à quelque chose (si ce n’est déjà fait par la libération de la paroles de certaines victimes)

          • binKa dit :

            Que dire sinon : merci ! je retiens vos phrases si claires pour mon prochain (j’espère) article sur le consentement : « si on veut porter plainte, ce n’est pas de dire « je ne voulais pas », mais « il a fait ça et ça ». Par les actions de l’agresseur, on devine s’il y a contrainte ou pas. Donc, il faut rejeter toute notion du consentement« . C’est exactement ce que je suis en train de développer dans ma préparation d’article (vous êtes extra-lucide ? 😉 loin de répéter ce que j’ai déjà dit ici, vous avez écrit les étapes de mon raisonnement [arguments et conclusion] qui manquaient [ils sont restés dans ma tête ou dans d’autres articles]).

            Et c’est précisément ce que fait le CFCV : grâce à leur connaissance des stratégie de l’agresseur, elles peuvent à coup sûr déterminer s’il y a eu viol, sans à un seul moment rentrer dans les questions ubuesques du consentement de la victime.
            merci, n’hésitez pas à nous faire part de vos réflexions futures.
            b.

  5. Arrakis dit :

    Euh, précision pour ceux celles qui lisent encore : dans le jugement mis en liens quant aux « jurisprudences très inquiétantes », la Cour européenne conclut que la condamnation des auteurs des violences n’empiète pas sur leur droit à la vie privée, bref, que cette condamnation est LEGITIME.
    […]
    Voilà, au delà du « débat de fonds », j’ai l’impression qu’il y a eu contresens quant à la lecture du jugement.

    • binKa dit :

      @ Arrakis,
      j’ai fait un contre-sens quant à la lecture du jugement car la Cour a confirmé la condamnation ? C’est une blague ? « Coups et blessure » pour les faits reprochés, vous pensez que ce n’est pas une jurisprudence inquiétante ?? Vous avez probablement occulté les faits, comme tous les hommes qui prennent toujours nos souffrances pour des détails de l’histoire, donc je vous les liste : ils relèvent, d’un point de vue purement pénal – n’était-ce cette décision – d’actes de torture et de barbarie !

      Des vidéos avaient été tournées lors des séances. Selon l’arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme du 17.02.2005 : « On y voyait les prévenus utiliser des aiguilles et de la cire brûlante, frapper violemment la victime, introduire une barre creuse dans son anus en y versant de la bière pour la faire déféquer, la hisser suspendue aux seins puis par une corde entre les jambes, lui infliger […] des brûlures et des entailles, […] lui introduire, dans le vagin et l’anus, des vibrateurs, leur main, leur poing, des pinces et des poids. […] la victime hurla[i]t de douleur pendant que les prévenus continuaient de la hisser par les seins au moyen d’une poulie, la fouettent puis lui attachent encore des poids aux seins. Lors d’une autre scène[…] les prévenus lui attachent des pinces aux mamelons et aux lèvres vulvaires, pour ensuite lui administrer […] des chocs électriques, suite à quoi la victime perd conscience et s’effondre. Une autre fois, la victime subit des marquages au fer rouge. » (en ligne).

      merci de ne pas répondre et de ne plus lire mon blog, je ferme sans appel toute discussion avec les négationnistes et révisionnistes des crimes qui sont commis contre les femmes.
      binKa

  6. A ginva dit :

    Bonjour à toutes!
    J’arrive un peu tard dans le débat, il est super passionnant! (hormis le mec, typique, qui se permet de se la ramener pour dire quelles idiotes que nous sommes, nous n’avons rien compris, lorsqu’un homme décide d’enfoncer son pénis dans le vagin d’une femme, il a tous les droits, y compris des actes de torture et de barbarie!!)

    Pour déterminer s’il y a eu viol, il y a un test simple. Plus simple encore de que de demander s’il y a eu stratégie d’emprise de la part de l’agresseur, qui, pour une femme dressée par le patriarcat, peut se réduire au fait que le mec bande, et ça suffit pour qu’elle croie ne pas avoir le droit de lui refuser – la simple hiérarchie sociale entre hommes et femmes, et la terreur qu’ils instaurent sur les femmes de façon collective, suffit pour qu’il y ait vice de consentement.

    Mais dans un premier temps pour éviter d’avoir à expliquer ça aux juristes, le test suivant marche à tous les coups: donc avant même de se demander s’il y a eu stratégie d’emprise par l’agresseur, il faut demander à l’agresseur s’il a pris en compte le désir de sa partenaire.

    Quelles mesures concrètes avez-vous mis en place pour s’assurer, au delà du moindre doute, que si elle ne désirait pas tel acte, elle puisse le faire cesser immédiatement?
    Quelles mesures concrètes avez-vous mis en place pour vous assurer, au delà du moindre doute, qu’à tout moment, elle désirait pleinement les actes et qu’elle accepte en toute conscience?
    Quelles mesures concrètes avez-vous mis en place pour vous assurer, au delà du moindre doute, qu’à tout moment toutes les conditions soient présentes pour que le « oui » ne soit pas extorqué par la contrainte ou le sentiment d’obligation chez la partenaire? (Ceci exclut d’emblée tout rapport de hiérarchie, les drogues, l’alcool, un état de faiblesse morale ou physique chez la victime, et autres contre-indications).

    S’il n’est pas en mesure de répondre à ces questions et de dire précisément en quoi il a fait en sorte qu’elle puisse refuser à tout moment, alors il n’a aucun moyen de prouver qu’il n’y a pas eu viol, car il n’a aucun moyen de savoir qu’à un moment des actes, elle a désiré ou pas. Donc il est un violeur car il était d’emblée dans une posture d’ignorer le désir de sa partenaire: pourquoi? Car s’il avait mis en place les moyens pour qu’elle puisse s’en retirer, il y aurait le risque qu’elle le fasse, qu’elle refuse. Ce n’est pas dans l’intérêt des violeurs car ce qu’ils veulent c’est d’avoir un vagin à leur disposition.

    Ce qui répond à ta remarque, Elfvy:
    Mon problème vient peut-être que je n’arrive pas à considérer tous les violeurs comme des violeurs qui se savent. Je n’arrive vraiment pas à me défaire de cette idée : des hommes ne se rendent pas compte qu’ils violent. Donc du coup, leur intention de nuire est inexistante.

    Tous les violeurs sont parfaitement conscients d’avoir ignoré le désir ou l’intégrité de leurs victimes: ils sont conscients qu’ils n’ont pas demandé s’ils « pouvaient faire ça et ça et si elle était bien sûre que c’est ce qu’elle voulait ». Ils sont conscients qu’ils n’ont pas tout fait pour que leur partenaire soit dans les meilleures conditions possibles pour pouvoir refuser ou accepter en toute conscience, à tout moment. Au contraire, ils choisissent leurs « proies » en fonction de leur état de vulnérabilité et de leur incapacité à refuser, c.a.d. qu’ils ciblent des femmes qu’ils perçoivent immédiatement comme suffisamment vulnérables et dépendantes de la validation des hommes pour qu’ils puissent en faire ce qu’ils veulent sans que celle-ci ne bronche.

    Et là on entre dans la stratégie de l’agresseur: comment a-t-il choisi sa victime? Qu’est-ce qu’il a mis en place / omis de faire pour extorquer d’elle quelque-chose qu’elle ne voulait pas?

    Moi c’est simple, aucun des mecs avec qui j’ai pu avoir une relation ne passent ce test. Ils se sont tous « servis » de mon corps en pensant être dans leur bon droit et en évitant soigneusement de me demander si c’était vraiment ce que je voulais, si j’étais bien d’accord, si je ne préférais pas autre chose, etc. C’était tous des violeurs.

  7. Azhour dit :

    « Au contraire, ils choisissent leurs « proies » en fonction de leur état de vulnérabilité et de leur incapacité à refuser, c.a.d. qu’ils ciblent des femmes qu’ils perçoivent immédiatement comme suffisamment vulnérables et dépendantes de la validation des hommes pour qu’ils puissent en faire ce qu’ils veulent sans que celle-ci ne bronche. »

    Ginva , il n’y a pas un « profil » de victimes qui seraient plus vulnérables que d’autres ou alors nous nous ne parlons que de certains viols. Exemple des victimes de leurs propres thérapeutes. Quand une femme est agressée parce qu’elle croise la route du violeur elle n’est pas choisit parce qu’elle serait plus vulnérable qu’une autre, elle a été violée comme n’importe quelle autre femme aurait été violée. Sauf à considérer que toutes les femmes sont vulnérables (face à un violeur c’est le cas) il n’est pas possible de dire que les victimes sont choisis en fonction de leur vulnérabilité c’est le cas pour certaines et surtout pour certains violeurs qui mettent une stratégie (de viol) en place parce qu’ils sont parfaitement conscients que celle-ci va fonctionner. D’ailleurs, ces violeurs là ne violeront pas hors de cette stratégie qui ne fonctionne qu’avec des victimes vulnérables, c’est en quelque sorte leur mode opératoire.

    S’agissant du consentement, sauf à changer tous les principes sur lesquels reposent les qualifications pénales il ne sera pas possible de s’en passer. La seule solution c’est en effet, d’inverser l’ordre de la charge de la preuve. Quand une victime vient porter plainte elle n’a évidement pas consenti ! Il faut alors se concentrer sur l’agresseur : Comment vous êtes vous assuré du consentement de Madame ? Pouvez-vous nous expliquer le déroulement des faits ? En se concentrant sur l’agresseur et non sur le « consentement » de la victime on devrait pouvoir en effet « attraper » le violeur. Et, puis qu’ils enquêtent (comme c’est le cas pour tout autre crime) sur le violeur ! Plutôt que sur la victime. Qu’on nous débarrasse de cette enquête de personnalité qui a pour but unique de chercher dans le présent et le passé de la victime quel est le nombre de ses petits amis, à quel âge elle a eu son premier rapport sexuel, change t-elle souvent de petit ami ou est-elle sage comme une image etc, etc…

    • binKa dit :

      Merci beaucoup à vous deux, A Ginva & Azhour pour ce débat de qualité !!
      je suis d’accord avec tous vos arguments à toutes deux, y compris sur l’objet de votre relatif désaccord, et perso je maintiendrais en fait toutes vos propositions, en modifiant les échelles d’analyses :

      > en effet il n’y a pas de « profil » de victimes plus vulnérables que d’autres femmes

      > il y a une vulnérabilité partagée par toutes les femmes face au violeur, car le viol est notre agression politique absolue (ce que le lynchage est aux Noir-e-s, ou la ratonnade aux Arabes, etc.) : comme tous les dominants, les violeurs ont les armes (psychiques et sociales) de leur agression [impunité, complicité des autres hommes qui nous ont détruites avant lui, continuum d’agression perpétré dès la maternelle – soulever les jupes par exemple – entraînement à l’attaque dès enfant] …. et au contraire, comme tous les stigmatisé-e-s, les femmes ont une vulnérabilité (psychique et sociologique) au crime politique dont elles sont les cibles.
      Vulnérabilité sociologique :
      * division du travail (ségrégation professionnelle, exploitation domestique) qui cause notre pauvreté relative par rapport aux hommes et notre vulnérabilité psychique (colonisation, harcèlement par les volontés masculines, etc.), ce qui fait qu’il existera toujours un homme qui aura ce dont nous avons besoin pour survivre quand nous coulons (psychiquement ou économiquement), et dans ce cas, ces hommes savent parfaitement imposer en plus des violences sexuelles.
      * illégitimité fondamentale où que les femmes se trouvent, donc la moindre agression devient une « punition » justifiable.
      * réputations, créées par la propagande patraircale, d’allumeuse, de folle et de masochiste qui assure l’impunité des agresseurs
      * division entre les femmes assurée par les hommes à force de menaces, de minuscules gratifications et de rétorsions si nous nous solidarisons
      * impuissance apprise dès l’enfance].
      Vulnérabilité psychologique :
      Ce crime politique nous est promis depuis toute petite comme LA punition (« fais attention ma petite ») et en même temps comme LA rencontre que l’on doit espérer (la sexualité promue dans un patriarcat est du viol, que ce soit celle décrite dans les contes [« la belle au bois dormant » « réveillée » par un homme], dans les manuels d’éducation [logique actif/passif, désirant/désirée, agissant/pénétrée] ou dans la pornographie [logique sujet/chose, sujet/salope, sujet/défoncée]).

      > Toutes les victimes de viol ne sont pas plus vulnérables que d’autres femmes mais tous les agresseurs ont une stratégie qui leur fait préférer la vulnérabilité plus grande. Pourquoi ? Car les dominants sont des lâches. Ils ne peuvent régner sur les subalternes – qui sont toujours plus nombreuses/eux qu’eux – que par un terrorisme qui démultiplie imaginairement le pouvoir de chaque dominant. C’est typique avec les hommes : leurs muscles servent de « preuve » qu’ils sont des puissants en soi (alors qu’ils ne semblent forts que parce qu’ils nous ont désarmées et affaiblies – par la diet, la surexploitation et le harcèlement – et que la vraie puissance est de créer et non de détruire et de tuer comme ils le font … pour les capitalistes, c’est le mythe qu’ils « sont riches » car « ils créent de la richesse », alors qu’ils ne sont riches que parce que les travailleurs crée leur richesse). On nous abreuve de ce mythe de la puissance masculine tout le temps (films, photos, livres, art, etc.)… pour nous menacer et nous faire croire qu’ils peuvent la mettre au service de notre protection (faux : ils s’en servent massivement contre nous & ils l’utilisent pour rabattre les femmes apeurées vers eux). Dans la réalité, l’écrasante majorité des viols se commettent dans des lieux qui assurent presque totalement leur impunité (famille, couple et prostitution) alors même que si nous portions plainte en dehors de ces circonstances, ils ne risqueraient presque rien … ça prouve une lâcheté sans fin. De fait, ils sont peu nombreux à tenter le viol en mode « warrior », pour briser une femme d’un coup dans un lieu qui n’assurerait pas leur impunité – les seuls à faire ça sont certains violeurs psychotiques en phase délirante. Au contraire, les violeurs repèrent presque toujours une vunérabilité, le plus souvent une vulnérabilité sociologique : le thérapeute (qui profite aussi d’une vulnérabilité psychologique), le conjoint, le père, l’ami de la famille, le client-prostitueur, … bref tous ces cadres socialement organisés comme soustraits au droit commun, qui leur assurent un triomphe sur le coup puis une impunité à long terme. Là où la vulnérabilité psychologique va jouer à fond, c’est quand la violence familiale/conjugale/prostitutionnelle va durer : à partir de l’effraction psychique créée par la première violence sexuelle, une série d’effractions de plus en plus graves vont être possibles, car les défenses de la victime auront été systématiquement pulvérisées à toutes les étapes.

      => et comme tu le dis Azhour, les agresseurs ont le choix de leur stratégie : choix d’agression « warrior » (ultra rare), agression motivée par la vunérabilité sociologique (écrasante majorité des cas), vulnérabilité sociologique et psychologique (car c’est leur mode opératoire).
      bon, je voulais juste rajouter un mot pour vous remercier et voilà encore un roman fleuve …
      merci !
      b.

  8. A ginva dit :

    Re-bonjour, je comprends la réaction de dire qu’il n’y a pas de profil de victime, je suis d’accord avec vous. Non, il n’y a pas de profil de victime, ce n’est pas ce que je voulais dire, j’ai dû mal m’exprimer. jamais je n’accuserai les victimes d’avoir été victimes, les seuls responsables sont les violeurs et leurs complices.

    En revanche, je maintiens que les hommes choisissent toujours leur victime. Ils ne violent pas toutes les femmes à tout moment. Ils violent certaines femmes à certains moments. Et leur décision de qui ils violent à quel moment dépend de la perception qu’ils ont de leur impunité dans une situation donnée et leur capacité à établir leur emprise sur les femmes en question. Ils choisiront celles qui leur résisteront le moins dans un moment donné, ou feront en sorte de briser ses résistances. C’est pour ça que l’immense majorité des hommes violent des femmes qu’ils connaissent (sur qui ils ont pu établir une emprise sur la durée, qu’elle soit psychologique, économique, parentale, etc.) et des femmes sur qui ils ont des prérogatives (femmes prostituées mais aussi épouses, filles…).

    La mise en danger des femmes au viol par leur destruction et vulnérabilisation en amont et le fait de placer les hommes comme leur seuls recours (parce qu’ils ont accaparé les moyens de survie des femmes) est réelle, elle fait partie des stratégies patriarcales pour maintenir les femmes dans une situation permanente de risque au viol, et elle est organisée collectivement et individuellement par les hommes.

    Depuis que je ne fréquente plus les hommes je subis considérablement moins d’agressions de leur part, et considérablement moins encore d’agressions sexuelles. Je m’en porte beaucoup mieux. Ca veut pas dire que je ne peux pas être violée, ça veut dire qu’étant moins dans une situation de dépendance aux hommes, je suis moins en danger qu’ils utilisent cette dépendance pour m’imposer des rapports.

  9. A ginva dit :

    Je réitère que la qualification du viol se situe
    1: dans l’affirmation de la victime (toute femme sait si elle a désiré ou non) et /ou
    2: dans l’analyse du comportement de l’agresseur: Ce qu’il a manqué de faire (ignorance délibérée du désir de sa partenaire), ce qu’il a fait (stratégie de l’agresseur/contrainte/ emprise /violence/ menaces / surprise..) et ce qu’il est par rapport à la victime (ascendant, ayant autorité, beaucoup plus âgé, conjoint, etc).

    A aucun moment je n’ai dit que la qualification du viol reposait sur le type de victime, ou même qu’il existe des « types » de victimes. J’ai dit que les agresseurs choisissent leurs victimes en fonction de leur état de vulnérabilité, et attaquent en fonction de leur état de vulnérabilité. Comment définissez-vous la vulnérabilité? Car j’ai l’impression que vous me faites dire que les femmes vulnérables seraient un type de femme, or je n’ai jamais parlé de type de femme. Je définis la vulnérabilité comme un état, une situation. La proximité (contrainte ou fortuite, pour plein de raisons) à un agresseur est déjà une vulnérabilité, dans le sens mise en danger. La vulnérabilité peut aussi être un seuil de tolérance élevé à la violence dû à des violences passées. Elle peut être le jeune âge de la victime, la détresse économique de la victime, la dépendance à un homme pour sa survie, etc.

    Je pars du principe que toute femme agressée sexuellement est dans un état d’extrême vulnérabilité qui est soit mise en place par l’agresseur avec plus ou moins de rapidité / soit instrumentalisée par l’agresseur qui en profite pour asseoir plus facilement son emprise. Dans les deux cas, il s’agit de stratégies. Je ne crois pas que toutes les femmes peuvent être violées comme n’importe quelle autre, sinon, on serait violées en permanence de la même manière, à la même fréquence.

    En quoi les femmes victimes de thérapeutes ne seraient pas en situation de vulnérabilité? La thérapie fait partie des endroits privilégiés pour les agresseurs.

    Je réitère aussi que TOUS les violeurs sont conscients qu’ils mettent en place une stratégie, car ils sont AU MOINS conscients d’avoir ignoré le désir de l’autre et d’avoir évité de prendre en compte le désir de l’autre. Dire le contraire serait affirmer que les hommes violent par pulsion ou pure inconscience. Je n’y crois pas une seule seconde.

  10. Azhour dit :

    Bonjour,

    « En quoi les femmes victimes de thérapeutes ne seraient pas en situation de vulnérabilité? La thérapie fait partie des endroits privilégiés pour les agresseurs.  » Ginva, J’ai juste dit l’inverse 🙂 Donc, nous sommes d’accord.

    Je partage avec vous ce plaidoyer si vous voulez bien :

    http://lacorrectionnalisationduviol.wordpress.com/le-mot-de-correctionnalisation-nest-pas-plus-francais-que-le-procede-nest-legal/

    A bientôt 🙂

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